L’église

l’église notre-dame

L’église en granit, Notre-Dame, située dans l’arrondissement de Confolens, a été restaurée en 1855 sous la direction de l’architecte M. Traulet.

Construction de l’église :

La partie la plus ancienne de l’église, romane, conserve sa longue nef, datant du XIIème siècle, terminée par une petite absidiole.
Une seconde partie agrandira l’église par une deuxième nef gothique au XVème siècle dont on pourra voir les assises en pierre de taille des ogives.
Une troisième chapelle, aujourd’hui disparue, devait terminer les deux chapelles latérales. Elle est actuellement remplacée par une simple muraille suite à la reconstruction, « à l’économie », du seigneur de Mazerolles au XVIIème siècle.

On trouve dans l’église un autel en pierre de taille orné d’un agneau pascal, surmonté d’un beau retable en bois peint du XVIIIème siècle / début XIXème. En 1905, l’abbé Prat curé de Montemboeuf pourrait avoir fait don du retable qui proviendrait de l’ancienne église de Montemboeuf, en cours de démolition à ce moment là.

Vitraux :

Les vitraux, datant de 1909, proviennent du vitrier F. Lagrange (Angoulême). Ils furent offerts à la paroisse par les familles Binchet, Doussinet, Niort, Rambaud, Veyret et par les curés de Montemboeuf (Abbé Prat) et de Mazerolles (Abbé Carein).

Histoire: les contestations pour les Honneurs et Privilèges

Les seigneurs de Magnac étaient propriétaires de la seigneurie de Mazerolles depuis de très nombreuses générations. Au XVIIème siècle, ils prétendaient avoir fondé , du moins en partie, et très souvent doté, la cure de Mazerolles. Ils avaient donc toujours bénéficié des honneurs et notamment du privilège d’avoir « litige et ceinture funèbre ». En effet, au cours des guerres de religion, l’église avait été ruinée et mise à terre par les Protestants. Un seigneur de Magnac restaura l’église une fois la paix revenue et la fit remettre, à ses frais, en état de remplir dignement son office. Raymon Magnac, le seigneur de Mazerolles, avait décoré l’intérieur de l’édifice suite au décès de sa femme en 1667, usant du privilège de la litre. Il avait décoré l’intérieur de l’édifice d’un large bandeau noir, appelé litre ou ceinture funèbre, sur lequel étaient évoqués les mérites et la représentation des armoiries de son épouse en retraçant les principaux évènements de sa vie en peignant diverses figures.

À ce moment-là, les terres de Mazerolles relevaient à la fois de la baronnerie de Manteresse et du Château de Montbron, érigé depuis peu en comté.

Daniel Touzaud a qualifié la baronnie de Manteresse de « Seigneurie à la Belle Étoile ». Elle apparaît dans de nombreux écrits comme une seigneurie très mystérieuse. Son château était situé au Nord de Montbron entre Rouzède et Orgedeuil. Il ne reste aujourd’hui que la motte du château, de près de 2 mètres de hauteur sur 50 mètres de long et 40 mètres de large, ce dernier étant ruiné et détruit depuis de nombreuses années. Cette baronnie avait justice haute, moyenne, et basse, et s’étendait sur les paroisses de Mazerolles, Rouzède, Cherves et même sur la paroisse Saint-Maurice de Montbron, mais la justice de Montbron avait droit de ressort pour connaître des appellations des jugements rendus par les juges de Manteresse, et le seigneur de Mazerolles était directement tenu à l’hommage lige au Comte de Montbron, et au devoir d’un écu du poids de Florence. En somme, le baron de Manteresse était le seigneur immédiat de Mazerolles, et le Comte de Montbron en était le seigneur dominant. Très souvent le baron de Manteresse et le seigneur de Montbron étaient une seule et même personne. À ce moment-là, il s’agissait de Henry Louis de Loménie, Comte de Brienne.

Dans ce contexte seigneurial, Messire Henry Louis de Loménie, Comte de Brienne, baron de Manteresse et Comte de Montbron apprenait que Raymond de Magnac avait fait peindre dans l’église de Mazerolles « litre et ceinture funèbre » à la mémoire de son épouse décédée en 1667.

Pour Henry Louis de Léomie, la châtellenie de Montbron avait tous les droits seigneriaux sur la paroisse de Mazerolles, y compris le privilège de la litre que Raymond de Magnac venait d’usurper et considéra cette nouvelle comme une violation de ses privilèges.

La châtellenie de Montbron et la baronnie de Manteresse avaient certainement présidé à la fondation de l’église de Mazerolles mais au cours des siècles écoulés, les seigneurs successifs de Montbron avaient trop souvent négligé de pourvoir à son entretien, et les seigneurs de Mazerolles, se substituant au seigneur défaillant, avaient entretenu la cure délaissée. François de Magnac, grand-père de Raymond de Magnac, avait, à ses propres frais, réédifié l’église suite à sa mutilation et à son « saccagement » par les Huguenots. C’est pour cette raison que les seigneurs de Magnac, notoirement connus bienfaiteurs de la cure, bénéficièrent, de fait, des honneurs de l’église. Henry de Loménie, voulait faire respecter ses droits malgré la négligence de ses prédécesseurs car Raymond de Magnac n’était pas le fondateur de l’église. Néanmoins celui-ci pouvait prouver que ses ancêtres en étaient les bienfaiteurs grâce aux témoignages de quelques rares personnes encore en vie sur la restauration de l’église par son grand-père. Conscient de ça, Louis de Loménie décida d’attendre le décès de ces derniers témoins très âgés pour intenter un procès contre Raymond de Magnac afin de le troubler dans la possession et jouissance de ces honneurs et lui faire effacer la litre.

Le château de Mazerolles eut vent des intentions provenant du château de Montbron et incita Raymond de Magnac à réagir.Il engagea, sans plus tarder, la procédure pour l’enregistrement de leurs précieux témoignages et adressa sa requête à Angoulême au lieu de faire appel directement à la Sénéchaussée de Montbron ou à celle de Manteresse étant donné la nature de ses rapports avec le seigneur suzerain.

Le 12 juin 1667, le Lieutenant Général d’Angoumois, H. Houlier, reçut favorablement la requête de Raymond de Magnac, permettant au « seigneur suppliant d’informer par forme d’examen à futur des faits mantionnez en ladite requeste ». Les témoins prirent donc la route d’Angoulême pour comparaître devant de Lieutenant Général, mais il ne leur fut pas possible d’arriver à bon port. « Il leur auroit esté impossible de s’y conduire a pied ny a cheval à cause de leur vieux âge, y en ayant en iceux qui s’estant mis en chemin pour se rendre en cette ditte ville seroit tombé malade en celle de La Rochefoucauld, et décédé trois jours après. ». Raymond de Magnac ne pouvait pas risquer la vie de ses témoins par des voyages aussi périlleux. Il s’adressa une nouvelle fois à Angoulême, « suppliant » le Lieutenant Houlier de commettre le Juge Sénéchal de Montbron pour entendre sur place les témoins survivants. Le Lieutenant Houlier accorda cette dernière demande, et la « Sénéchaussée de Montbron fit droit à la requête de Raymond de Magnac :  » A Monsieur le Juge seneschal du Comté de seneschaucée de Montbron… Ce consideré, Monsieur, le seigneur suppliant requiert qu’il vous plaise prandre la peine de vous transporter au domicilles desdits tesmoins, situés dans ladite paroisse de Mazerolles, et autres circonvoysins pour les ouir et interroger sur les faits par luy exposez en sadite première requeste, offrant de faire signifier la presente et vostre ordonnance au procureur fiscal de Mantheresses, et a tous autres qu’il appartiendra et fairez justice ».

Les Archives Nationales conservent dans le dossier intitulé : « Montbron-Magnac » les doubles des requêtes et ordonnances concernant cette « enquête par forme d’examen à futur« , procédure alors en usage pour recueillir à l’avance les dépositions des témoins, dépositions qui seront utilsées « dans le futur » à l’occasion d’un procès éventuel.

Localisation

Recueils utilisés pour les informations apportées sur le site :

Montbron en Charente – Jean Marie DENIS

Les Eglises de France – Jean GEORGE

Statistique monumentale de la Charente – J.H.MICHON

Les Seigneurs de Montbron et leurs Alliés – Jean Marie DENIS